Darfour. Vivons-nous dans une société concentrationnaire?

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Mon intention n’est nullement de banaliser, par des rapprochements absurdes, ce que fut l’horreur des camps et notamment celle des camps disposant de sites d’extermination.

L’idée est cependant que la « société européenne » qui a « géré » Auschwitz ne se serait jamais totalement affranchie du dispositif concentrationnaire. Cette « société européenne » comprend dans une certaine mesure la société d’Amérique du Nord.

On peut faire état par exemple en France de cette honte que représente le spectacle, à mon avis entretenu, des SDF. Ainsi que de la relégation, de type concentrationnaire, de populations « exogènes » dans des lieux-poubelles, enclavés, et articulés sur des institutions scolaires négligées et au fonctionnement ambigü.

Aux Etats-Unis les prisons et les couloirs de la mort sont pour l’essentiel des lieux de destruction d’une population noire aux prises notamment avec des « objets » complaisamment mis à sa disposition : drogue, armes à feu etc. Une délinquance semble ainsi entretenue comme dans le but  de disposer d’une véritable armée de suppliciés. Des condamnés à mort son exécutés parce que, bien qu’innocents, ils ne peuvent pas (se) payer de bons avocats.

Dans ces conditions la personne noire-américaine qui a réussi selon les normes de la société en place on peut être sûre qu’elle est parfaitement fiable et convenablement « moulée ». C’est la vertu même du camp.

J’ai pourtant parlé du Darfour.

Des êtres humains sont tous les jours assassinés (et cela suffit). Mais ils sont souvent assassinés dans des conditions atroces : viols, mutilations, brûles vifs…

Or le thème dominant entendu sur les médias est celui de l’impuissance.

La « communauté internationale » est impuissante à stopper le génocide.

L’europe est incapable d’agir. On met alors les Etats-Unis dans le caca de l’Irak pour leur reprocher de ne pouvoir faire ce que l’europe – la « patrie d’Auschwitz »… – est dans l’incapacité de faire. Belle affaire!

On évoque les intérêts chinois au Soudan. Ne touchons pas à la Chine, ce dragon mondialisé de plus en plus menaçant.

Bref je veux surtout dire que le sentiment de l’impuissance, et l’argumentaire qui s’appuie sur lui, est précisément d’essence concentrationnaire.

Est concentrationnaire le fait de ressentir de l’impuissance, et finalement d’y consentir, à l’encontre d’êtres humains exposés aux violences et aux meurtres.

La possibilité de pouvoir secourir des populations menacées dans leur existence du fait de tiers est un des « critères de base » d’une vision démocratique.

On m’objectera de bonnes raisons de nature « réalpolitik ». Mais cela ne change rien à l’affaire.

Des noirs musulmans, chrétiens, animistes tentent de se réfugier dans des camps dont sont chassés avec de plus en plus de violence les organisations humanitaires. On dit qu’ils sont « attendus » dehors, quand ils tentent de se procurer de la nourriture et de l’eau. Ils sont alors abattus.

Mais voilà la « culture de camp ». Les organisations humanitaires les mieux intentionnées et les plus courageuses sont vouées à être balayées d’un revers de kalatchnikov pour laisser place aux génocideurs de profession.

Le Darfour (et avant lui le Rwanda) nous dit les limites des leçons que nous avons prétendument tirées de la seconde guerre mondiale.

Mais, comme le dit le Grand Heidegger, la cause principale de la dévastation est l’égalité des « travailleurs » devant la sécurité sociale. Une parole aussi magnifique, prononcée le 8 mai 1945 – in La dévastation et l’attente – justifie toutes les violences concentrationnaires, qu’elles s’exercent avec ou sans barbelés. Aïe Heidegger!

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