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A voir l’abondance des Heidegger en « père Noël » dans les notices biographiques et la réalité d’un négationnisme classique de certaines gloires de l’heideggérisme français on finit par se demander si la catastrophe provoquée par Heidegger dans la philosophie ne consiste pas en l’introduction, paradoxale mais dévastatrice, du principe pragmatique en vertu duquel le langage est surtout de la ruse, de la tromperie et non un échange en vue d’établir une vérité.
L’anti-philosophie de Heidegger est-elle alors une répression de la subversion que la philosophie accomplit toujours de l’accord obtenu par la complicité dans le mensonge et la tromperie?
La critique de Heidegger de la conception classique de la vérité comme adéquation justifierait ainsi la pragmatique de la manipulation et le négationnisme. Tout discours « adéquat » au génocide, aux chambres à gaz reléverait de la conception classique de l’adéquation. Ce serait donc métaphysique et humaniste!
Je précise que si Heidegger introduit bien le nazisme dans la philosophie, alors toute belle pensée heideggérienne a sa conversion prévue d’avance dans la crapulerie. Ainsi de Vietta, par exemple, qui efface Auschwitz en disant que les malheurs qui ont suivi la seconde guerre mondiale rendent précisément ceux de cette guerre presque insignifiants.
Quant au fameux dévoilement… Il suffit d’oser tenter de dévoiler l’être nazi de Heidegger pour recevoir une volée de bois vert…
Il ne faut pas dévoiler la vierge en nazisme que serait Heidegger!
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2 commentaires à Notule sur Heidegger et la vérité
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Vous n’y êtes pas, M. Skildy. Vous et moi nous ne sommes pas à même de pénétrer les mystères de la pensée de Heidegger. Voici pourquoi. Je suis tombé par hasard sur une video (www.youtube.com) qui montre Heidegger dialoguant avec des interlocuteurs. Sur l’une de ces videos (« question de l’être »), il explique qu’il possède une méthode à lui, nouvelle, pour faire de la philosophie que « peu de gens peuvent comprendre ». Pour expliquer la raison pour laquelle seulement une minorité peut accéder à sa méthode, il prend l’exemple de la radio et de la télévision. Tout le monde sait écouter l’une et regarder l’autre, mais seulement 5 ou 6 physiciens de par le monde connaissent le fondement physique de ces techniques. C’est pareil pour sa méthode. On rêve! C’est ahurissant de naïveté prétentieuse. Je suppose qu’il fait allusion à la méthode qu’il utilise dans « Grammaire et étymologie du mot « être » (chap. II de l’Introduction en la métaphysique »): c’est plutôt rigolo, on dirait un gamin qui découvre l’existence des mots. En fait, je me demande si Heidegger ne se prenait pas pour un magicien!
Bien à vous
R. Misslin
Bonjour M. Skildy,
En songeant aux soi-disant « Kehre » dans lesquelles Heidegger se serait engagé, alors qu’en réalité, il est resté fidèle toute sa vie à son idéologie de réactionnaire, je me suis souvenu de la pensée qu’on prête à Talleyrand quand il observait le comportement des émigrés qui revenaient en France après la chute du « bandit corse » (dixit Tolstoï): « Ils n’ont rien appris, ni rien oublié. » C’est cette profonde incapacité à changer d’ »habitus » qui m’apparaît comme le trait saillant de Heidegger. Or, si la philosophie n’est pas d’abord un travail sur soi et un aiguillon à mettre en question nos héritages de tous ordres, alors ce n’est pas de la philosophie.
Bien à vous
R. Misslin