Conférence de Téhéran-Un message de R. Misslin

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Bonjour à tous,

Un événement scientifique de première importance se tient à Téhéran ces jours-ci sous l’égide du chef de la diplomatie dont le thème est : « Questions sur l’Holocauste ». La France est représentée comme il se doit par l’insigne scientifique en la matière, Robert Faurisson. Il aura à ses côtés une trentaine d’autres grands esprits critiques de son espèce, dont bon nombre ont, comme lui, un brillant casier judiciaire, ce qui rehaussera, on s’en doute,  la grandeur de cette manifestation où soufflera l’esprit de la résistance. On y lira un message du président Ahmadinejad qui est un grand expert en mythodologie comme on sait. Le premier sujet que ces vénérables experts eurent à traiter s’intitule: « Le vocabulaire irrationnel de la classe professorale américaine par rapport à l’holocauste »: comme on voit, ils auront de quoi s’amuser.

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Cordialement
R. Misslin

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Quelques précisions au précédent message:

Outre le grand historien et spécialiste Faurisson, il y avait aussi un autre grand penseur français à la soi-disant “conférence” de Téhéran lundi et mardi derniers, Georges Thiel, ancien conseiller régional du Front. Il a déclaré : “Les Juifs ont été persécutés, c’est vrai, ils ont été déportés, c’est vrai, mais il n’y a pas eu de meurtre industriel, il n’y a pas eu de chambre à gaz.” Mais comment sont-il donc morts alors les 6 millions de Juifs victimes de la solution finale décidée le 20 janvier 1942 à Wannsee? C’est curieux comme les négationnistes se focalisent sur la technique, non sur le crime commis par les nazis. Si je comprends bien leur délirante logique, décider d’exterminer des millions d’êtres humains pour des raisons raciales n’est pas un crime, le crime aurait consisté à gazer les victimes, mais comme les chambres à gaz n’existent pas, il n’y a pas eu de crime, CQFD. Il y a décidément pas mal d’âmes sensibles que la technologie révulse.
Un rayon de lumière au milieu des ténèbres: Khaled Mahamid, le conservateur du premier musée arabe de la Shoah à Nazareth, poursuit son oeuvre d’information auprès de la population palestinienne, car il ne supporte pas “l’ignorance et le déni qui prédominent dans le monde arabe” concernant le génocide des Juifs d’Europe. Bien entendu, il n’a pas obtenu le visa pour assister à la sinistre comédie de Téhéran, où il voulait défier Ahmadinejad en montrant des photos des camps de la mort. Un bravo aussi aux étudiants de Téhéran qui n’hésitent pas à conspuer le dictateur en brûlant des photos de lui.
R. Misslin

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11 commentaires

  1. mr misslin,

    drole de remarque que vous faites sur la technique !!!
    la personne que vous citez dit qu’il n’y a pas eu de meurtre industriel, c’est à dire pas de meurtre plannifié. Or nous savons tres bien vous et moi que la destruction de l’humanité, shoah, (c’est comme ca que j’entends ce terme) ne pouvais se faire efficacement que de manière industrielle. Or vous dites que cet homme est revulsé par la technique , et on le sent dans le ton , à la manière d’un heidegger.
    Mais heidegger dit l’inverse quand il dit que des hommes ne meurent pas dans les camps…. vous connaissez la phrase. L’arraisonnement technique du dispositif nazi fait que les hommes meurent en tant qu’ils sont là sous la main des bourreaux comme des choses. Ce qui nous renvoie vou vous souvenez a la question du propre et de l’impropre. Le propos de l’homme que vous citez est en effet négationniste (ce n’est pas un meurtre industriel); celui de heidegger affirme au contraire un dispositif. Car nier les chambres à gaz voila qui est negationniste, c’est nier toute la methodologie du meurtre. Et de toute facon quand bien meme les meurtres auraient été commis au coup par coup sans premeditation cela n’enleverait rien à l’horreur. Mais le nombre de personne visées justifie la methode…
    bref evitons de nous mettre en rapport avec des gens aussi CON permettez moi l’expression.

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  2. Bonjour Bertrand,
    Je comprends que ma phrase a pu vous paraître « drôle »: ce qui me frappe chez le négationniste comme chez Heidegger (quand il a tenu, par exemple, sa conférence que je trouve ignoble à Brême), c’est que l’un et l’autre fixent notre attention sur la technologie, non sur le crime en tant que tel, l’un pour dire que le crime reproché aux nazis ne tient pas, l’autre pour dire que ce qui est odieux, c’est qu’on a empêché les victimes de mourir dignement: mais où sont donc passés les criminels? Je m’étonne que vous ne trouviez pas bizarre cette façon de présenter l’extermination du peuple juif. Et où avez-vous lu un texte publié par Heidegger après la guerre dans lequel il reconnaît publiquement la culpabilité du régime nazi dans l’holocauste, dans lequel il reconnaît publiquement son erreur d’avoir pu se tromper comme il l’a fait et la part de culpabilité qui a été la sienne, dans lequel il s’associe à ceux de ces concitoyens qui se sont mis à regarder en face ce qui s’était passé, les horreurs commises par leur pays et à demander pardon à ceux qui ont été meurtris par ces massacres: juifs et tsiganes. Si vous trouvez dans la centaine de volumes de ses écrits quelque chose comme un repentir sincère, authentique, réellement propre à un être qui veut qu’on le trouve humain, bref un vrai acte de parole, non des tonnes de blabla, je suis prêt à revoir les sentiments de honte que cet homme m’inspire. A vous
    R. Misslin

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  3. mr misslin,

    la question du repentir de heidegger est autre que celle de la technique.
    Que dire sinon que j’aurai aimé lui demander. Aussi si vous etes pret à revoir votre sentiment de honte en echange d’un repentir, je suis ravi de comprendre que vous lui accordez un « semblant de pensée ».
    aussi je ne suis pas certain que heidegger voulait qu’on le trouve humain, surtout pas. Je suis aussi desolé que vous de voir l’absence d’ethique dans sa pensée, mais peut etre est elle à venir ?
    Aussi ce qui me révolte parfois quand je lis certaine critique sur ce blog, c’est qu’elles considereent toutes « un systeme heidegger », ce qui est à mon avis un contresens.

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  4. Bonsoir Bertrand,
    Vous écrivez: « La question du repentir de Heidegger est autre que celle de la technique »: pour vous, mais pas pour moi. Au lieu de dire dans cette atroce conférence de Brême que la technologie moderne aux mains d’un régime politique totalitaire (qu’il a appelé de ses voeux, qu’il a soutenu un temps et dont il a encore évoqué la grandeur après la guerre!) était une calamité, j’aurais pu admettre. Mais il en était incapable et cela pour une raison simple, il était partisan d’un régime totalitaire, il était anti-démocratique et anti-social. Quant au sort des juifs, permettez-moi de penser que c’était-là son dernier souci. Il rêvait d’une Allemagne puissante, pour faire barrage à la modernité, avec à sa tête un Führer, et « spirituelle », celle des penseurs et des poètes, avec pour guide lui, le seul vrai penseur de notre temps, le prophète du renouveau, le prédicateur de l’Etre dont la mission était de remettre au pas tous ces délinquants rationalistes oublieux, au milieu de leurs divertissements mondains, de notre destin d’êtres voués à la mort, et patati et patata.
    Vous pensez que Heidegger ne voulait pas qu’on le trouve humain. Pourquoi pas? Parce que pour lui, être humain, c’est faire partie des « on »? Que ce n’est pas assez aristocratique? Trop commun? Trop vulagire, impropre, inauthentique. Pourtant, dans sa Lettre sur l’humanisme, il reprochait à ce dernier de ne pas être assez humain. Rien n’était jamais assez bon pour ce type: ni la religion, ni la politique, ni la philosophie, ni sans doute la vie. Toujours cette posture radicale, du moins en théorie, parce que pour ce qui de sa vie quotidienne, rien que du banal. Vous savez comment chez moi en Alsace on appelle ce genre de gars? Un « Hans im Schnogaloch », ce qui veut dire dans notre dialecte alémanique: « Un Jean qui vit dans un trou à moustiques ». Une chanson vernaculaire dit: « Jean du trou à moustiques a tout ce qu’il veut, mais ce qu’il a il ne le veut pas, et ce qu’il veut il ne l’a pas… » … Si Martin vivait encore, j’irais le voir dans sa Hütte et la lui chanterait, car il comprendrait parfaitement notre dialecte!
    Cordialement
    R. Misslin

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  5. messieurs skildy et misslin,
    un mot à rené d’abord. L a lettre sur l’humanisme ne tente pas de voir en l’homme plus d’humanité mais elle dit, certes radicalement, que le terme humanisme ne dit rien d’essentiel. Heidegger prefere parler de dasein ou de berger de l’etre. Car a mon sens ce qu’il reproche à « humain » c’est une definition definitive et fermée alors qu’avec l’image du berger de l’être on comprend une situation existentielle, bien evidement humaine, differente et plus profonde que celle de l’etant dans son ensemble. Entendons par berger de l’être une situation humaine je dirai « adossée » à l’être. Heidegger ne parlait il pas de sa pensée comme ce qui retrograde? (excusez moi je n’ai plus les references mais je vous le dirai plus tard, à moins que vous le sachiez).
    Aussi je continue à penser que l’on ne peut pas se fonder sur un non repentir pour detruire une pensée.
    Quan au « on » nous en avons parlé et mr teitgen avait bien eclaircie la chose. Et oui heidegger avait une vie banale et apres tout qui peut pretendre vivre en dehors de la banalité (quotidienneté dit heidegger) sinon peut etre jean claude vandamme.
    je veux bien continuer à discuter avec vous mais il faudrait pouvoir citer des cours paragraphes de heidegger et les commenter.
    Ce que je ne comprends pas c’est justement cette absence de texte et cela donne l’impression que vous faites le procès du nazisme en prenant une chimère comme responsable.
    Skildy,
    je n’ai pas lu quelque part chez heidegger qu’une certaine population ne pouvait pas mourir dignement.
    Aussi vous me reprochez d’être dans le mythe mais permettez moi de vous rappeler que la pensée esr essentiellement mythique à l’origine. Mais je comprens ce que vous dites au fond et croyez moi j’ai largement dépassé « le mythe du philosophe ». Je n’adore pas heidegger ni aucun autre philosophe en particulier; j’essaie d’avoir une lecture critique avant de juger l’individu.
    D’accord pour denazifier heidegger.
    Ah oui mr missslin ,
    heidegger est au contraire celui qui retourne dans la caverne. En cela il reprend a son compte une bonne partie de l’analyse hegelienne de l’allegorie de la caverne.
    Merci à vous tous et bonne journée.
    ps : je ne suis pas du camp des pro heideggeriens, mais aimerai un debat plus philosophique. Comment y arriver alors?

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  6. skildy,
    je n’avais pas compris votre mots sur ma boite mail; j’avais cru etre banni de ce blog
    Merci de me publier encore
    a bientot alors

    ps : je retire mes mots quand à votre dictature sur ce blog

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  7. Bonsoir Bertrand,
    Je tâcherai de vous répondre plus longuement plus tard, je suis un peu à court de temps ce soir. Néanmoins, je retiens une phrase de vous: « Entendons par berger de l’être une situation humaine je dirai « adossée » à l’être. » Avant de dire ce que je pense de cette curieuse expression « berger de l’être », voici un extrait d’un article trouvé sur le net « L’être naquit dans le langage, un aspect de la mimésis philosophique » de François Rastier, article paru dans Methodos, 2001, v. I, n°1, Lille, Presses du Septentrion, p.103-132) (www.revue-texto.net/Inedits/Rastier_Etre.html).
    En guise d’exergue, M. Rastier cite B. Cassin: « L’étude du langage mène naturellement à l’ontologie ».
    « Pour obtenir des termes qui représentent l’Etre sans adhérence empirique, dans sa pureté autarcique, il suffira donc de translater des mots qui ne comportent pas de sèmes génériques de domaines : dans nos langues, ce sont les grammèmes libres ou liés… L’allemand, que Heidegger prétendait la langue de l’Etre, n’a certes pas été en reste, avec chez Hegel das Diese, das Allgemeines, et mille autres exemples. Remarque : La notion de génie des langues s’est heureusement périmée, mais pourquoi Heidegger affirmait-il que l’allemand est la langue de l’Etre et accueillait-il ses visiteurs par un Deutsch, oder Griekisch ?, leur laissant le choix entre les deux langues — maternelles, et / ou convenablement aryennes — de la philosophie? »
    M. Rastier parle à ce propos « d’un bizarre nationalisme » de Heidegger.
    Si vous suivez la démonstration de M. Rastier, on arrive à l’idée que le verbe être auquel on accole l’article pour en faire l’être est une pure prouesse grammaticale que certaines langues plus que d’autres permettent de pratiquer (par ex. ce n’est pas possible en chinois, d’où le mépris de certains penseurs pour la pensée chinoise sous prétexte qu’elle n’arrive pas à l’ontologie, ce qui à mes yeux est une chance!!!). Mais, en détournant ainsi la langue de son usage quotidien (ex. sein, qui devient das Sein avant de se métamorphoser en Seyn, ce qui a, paraît-il, fait rire H. Arendt), ne risque-t-on pas de croire qu’on dit encore quelque chose alors que, comme dit Wittgenstein, la langue se met simplement en fête, et on ne fait plus que s’amuser, pesamment chez Heidegger qui tout en jouant avec les mots, comme les enfants jouent avec les objets, se prenait drôlement au sérieux?
    Cordialement et bonne soirée
    R. Misslin

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  8. Bonjour Bertrand,

    En complément à ce que je viens d’écrire, voici un extrait du livre de Steiner, « Martin Heidegger » (Flammarion, 1981, pp. 198-199) qui m’a amusé car je venais de le découvrir après vous avoir adressé mon précédent message (le livre de Steiner m’a beaucoup intéressé, parce que tout en admirant certains aspects de la pensée de Heidegger, Steiner ne se laisse pas hypnotisé comme d’autres et garde intact son esprit critique):
    « Même un lecteur de Heidegger aussi scrupuleusement favorable que Winfried Franzen conclut que « toute détermination claire de ce que Heidegger veut vraiment dire par Sein est à ce jour virtuellement impossible. » Dans cette perspective, le recours final à la tautologie serait un inéluctable aveu de défaite. Il se pourrait bien que ce soit le cas. A un moment, dans « Identität und Differenz » – moment qui est, à ma connaissance, unique dans tous les écrits de Heidegger – le maître concède avec un humour brusque que la quête ontologique, la tentative de séparer l’Etre des étants, est une sorte de jeu futile, une lutte qui tourne en rond. »
    Steiner fait allusion à la tautologie quasi obsessionnelle dans les textes de Heidegger: « Was ist das Sein? Es ist es selbst. » Fort judicieusement, Steiner qualifie cette tautologie ontologique d' »imitation patente de l’équivalence qui est essentielle à la définition judéo-chrétienne de Dieu: Je suis celui qui suis. » Je m’intéresse beaucoup à ce genre de tautologies, car elles sont l’expression, à mes yeux, d’une attente affective forte, celle de la certitude existentielle. Wittgenstein écrit dans le Tractatus: « Seul le manque de certitude nous fait recourir à la probabilité. » (§5.156). Or, une tautologie, par définition, est une expression logique qui est une certitude, vide peut-être, logiquement parlé, puisque signifiant et signifié sont confondus, mais qui parle aux coeurs angoissés. Steiner poursuit sa réflexion ainsi (p. 86): « Le postulat d’un langage parlant « en et à travers » l’homme est un emprunt immédiat à la docrine johannique du logos et au long héritage de son exspression mystique et piétiste. Lorsque Heidegger qualifie l’homme de « berger de l’être », lorsqu’il conçoit la vérité comme une illumination, une épiphanie et une révélation de soi dans la « clairière » de l’existence, il effectue des variations sur des thèmes théologiques et gnostiques établis depuis longtemps…Ce que nous trouvons réellement dans l’oeuvre de Heidegger est donc une théologie post-doctrinale, post-systématique parmi d’autres. » (pas étonnant pour Steiner que ce soit auprès de théologiens que Heidegger a eu en premier lieu du succès). Pour qui a lu Augustin, Pascal ou Kierkegaard, sans parler des mystiques rhénans, l’appel à un état intérieur où se produit la « coïncida oppositorum » chère au psychiatre C.G Jung, un autre mystique rhénan, est un thème banal. Ce qui est propre à Heidegger, c’est qu’il a transposé cette thématique aux pré-socratiques, ce qui, pour moi, est une drôle de bizarrerie. Ce qui m’intéresse chez les mystiques, c’est la recherche de la fusion affectivo-intellectuelle du moi et du cosmos, de l’étant et de l’être, pour utiliser la terminologie heideggerienne. Et, je ne m’étonne pas, quand on est en présence d’une personnalité de ce type, que Heidegger a recherché cette fusion aussi côté politique. S’il est resté fidèle à « la vérité et à la grandeur du mouvement » en dépit de ce qui s’est passé, c’est qu’il ne voulait (et surtout ne pouvait) en aucun cas renoncer à ce désir sous peine de s’écrouler. La philosophie critique, celle d’un Kant, en particulier, est une invitation à accepter la séparation du moi et de l’Autre, c’est une invitation à la raison. La recherche de la fusion est une tentation folle, une passion dans le sens étymologique (!) du mot. Quand W. Franzen trouve qu’il n’y a pas de « détermination claire » pour le Sein, « à ce jour », je peux ldire qu’il n’y en aura jamais, car justement, Heidegger, comme tous les mystiques, ne veut rien savoir des déterminations humaines, trop humaines: un mystique veut l’absolu, c.à.d. ce qui est au-delà de toute détermination. Si Heidegger a dénoncé la métaphysique de Platon, c’est parce qu’il trouvait que Platon a essayé de déterminer l’absolu, ce qui est insupportable aux assoiffés de non-séparation. Il y a aurait toute une étude « psychologique » à faire du cas Heidegger, mais ce serait une véritable profanation, car Heidegger se voulait intouchable, c.à.d. échapper au jugement des hommes, des Man!
    Cordialement
    R. Misslin
    R. Misslin

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  9. mr misslin,
    D’accord avec vous pour dire que heidegger exagerait en disant qu’on ne pouvait penser qu’en grec ou en allemand.
    Toutefois l’allemand est une langue substantielle (substantif) qui se rapproche plus du francais que de l’anglais par exemple qui est une langue plus evenementielle (gerondif). Alors heidegger n’est t il pas dans son droit de penser l’etre dans sa langue ?
    Aussi pourquoi parler d’une prouesse en mettant l’article « l' ». Car heidegger n’entends il pas penser l’essentielle dans sa langue c’est a dire l’etre.
    Je pense que l’on pense differement d’une langue a l’autre et je sais que certains dialecte africain ne connaisse pas le verbe etre ; popurtant ces africains pensent et parlent.
    bien cordialement

    bertrand
    ps : avez vous lu ou etes vous en train de lire « les bienveillantes »?
    j’ai commencé ce week end.. a suivre.

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  10. Bonjour à tous,
    Une de mes difficultés à pouvoir suivre le cours de la « pensée » de Heidegger provient de ce que Wittgenstein a bien su, à mon humble avis, repérer quand il écrit (« Recherches philosophiques » Gallimard, 2004):
    « Le langage (ou la pensée) est quelque chose d’unique – cette idée se révèle être une superstition (non une erreur!) elle-même suscitée par des illusions grammaticales. Et tout ce pathos retombe alors sur ces illusions-là – sur les problèmes. (§110).
    Les problèmes qui proviennet d’une fausse interprétation des formes de notre langage ont le caractère de la profondeur… (§111).
    On croit suivre encore et toujours le cours de la nature, et on ne fait que longer la forme à travers laquelle nous la contemplons. (§114).
    Une image nous tenait captifs. Et nous ne pouvions lui échapper, car elle se trouvait dans notre langage qui semblait nous la répéter inexorablement (§115).
    Quand les philosophes emploient « savoir », « être », « objet » « je », proposition », « nom » – et s’efforcent de saisir l’essence » de la chose en question, il faut toujours se demander: Ce mot est-il effectivement employé ainsi dans le langage où il a son lieu d’origine? Nous reconduisons les mots de leur usage métaphysique à leur usage quotidien.(§116).
    Les résultats de la philosphie consistent dans la découverte d’un quelconque non-sens, et dans les bosses que l’entendement s’est faites en se cognant contre les limites du langage. (§119).
    Au regard de ces considérations qui me paraissent limpides et raisonnables, l’usage incessant que Heidegger fait de l’Aître (Seyn) apparaît comme un de ces mésusages langagiers dont parle Wittgenstein, usage qui nous fait croire, parce que le mot n’a pas son sens courant, que sa signification est plus profonde que celle de son usage ordinaire. Le mot acquiert l’aura d’une idole, un sens sublime, magique, superstitieux, bref métaphysique, en fait métalangagier: c’est comme ces femmes ordinaires qu’on appelle mannequins, qui, revêtues de vêtements excentriques, se métamorphosent en des êtres méta-physiques! Cela s’appelle de la préciosité. En remettant les mots à leur place ordinaire, on peut donner l’impression de « ne faire que détruire tout ce qui présente de l’intérêt, c.à.d. tout ce qui est grand et important » écrit encore Wittgenstein (118)… Mais ce sont seulement des châteaux de sable que nous détruisons, et nous mettons à découvert le fondement du langage sur lequel ils reposaient. »
    Et l’on sait combien Heidegger avait le sentiment de la grandeur de son entreprise: ce n’est même plus de la mythologie, nous sommes dans un conte de fée, Alice au pays des merveilles, celui où l’on fait dire aux mots ce qui nous plaît.
    R. Misslin

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  11. Bonsoir,

    Voici ce qu’écrit Deleuze (« Critique et Clinique », Minuit, 1993, p. 117):
    « Plus généralement, c´est toute l´oeuvre de Jarry qui ne cesse d´invoquer science et technique, se peuple de machines et se met sous le signe du Vélo: celui-ci en effet n´est pas une machine simple, mais le modèle simple d`une Machine adéquate au temps. (…) Le vélo, avec sa chaîne et ses vitesses, est l`essence de la technique: il enveloppe et développe, il opère le grand Tournant de la terre. Le vélo est cadre, comme le « quadriparti » [« Geviert »] de Heidegger ».
    En somme, A. Jarry vu comme un précurseur méconnu de Heidegger, l’un pratiquant la pataphysique et l’autre la patamétaphysique. Philosopher, c’est apprendre à rire!
    R. Misslin

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