Il se dit des choses assez drôles depuis qu’un contrôle anti-dopage a révélé qu’après sa défaillance le cycliste américain Floyd Landis, vainqueur du Tour 2006, aurait pris de la testostérone. Voyant que le tour allait lui échapper la pâle doublure de Lance Armstrong n’aurait pu résister à la tentation de la potion magique.
Comme anti-scoop on ne fait pas mieux! Les organisateurs et les coureurs en vue y vont de leur surprise feinte, de leur tristesse, de leur écoeurement et de leur colère. On demande la tête de Landis! On dit qu’il est un traître… voire un imbécile!
A quand une thèse sur la rhétorique du sport professionnel depuis qu’il est doublement instrumentalisé par le marketting et l’idéologie? C’est effectivement très intéressant d’observer comment les "non-dupes" tentent de persévérer dans leur apparente innocence. Le vieux routier de Leblanc, par exemple, a même jugé bon de préciser qu’il avait cru à l’exploit de Landis! C’est ce qu’on appelle "se couvrir". Au moins aux yeux d’un public qu’on se représente abusé et mysthifié.
J’ai appris qu’avant chaque étape une sorte de commando, pour permettre le respect des contrats passés avec les télévisions, nettoyait les bords de route de toutes les publicités non autorisées. Et de profiter pour enlever toutes les pancartes et banderoles dénonçant le dopage!
On ne supprimera pas le dopage du Tour sans procéder à une refonte totale de l’épreuve et de la philosophie de la fête.
On ne fera croire à personne qu’avec une "moyenne de mobylette" le Tour 2006 pouvait prétendre au label de propreté. La tentation est donc grande, aujourd’hui, de bouc-émissariser Floyd Landis. Il est américain… fait copain-copain avec Bush… et permet de laver l’affront Armstrong… Histoire, surtout, de détourner le regard et de continuer à mysthifier un public qu’on entretient dans la confusion entre spectacle et activité sportive.
La pédagogie est dans la tristesse. Les "valeurs du sport" apparaissent de plus en plus "bouffonnes". On vous apprend la loyauté, l’honnêteté, la pureté des intentions, l’esprit d’équipe. Mais la société se charge de faire votre éducation : compétition, rentabilité à tout prix, fraudes, tricheries, chacun pour soi. Et, surtout, le mépris de soi jusqu’à soumettre son corps aux manoeuvres expérimentales de la chimie de la performance.
Le corps sportif c’est le corps vendu et façonné par la publicité.
Moralité : la colère à l’encontre de Landis vise surtout celui qui a fait voler en éclat la fable de la possibilité d’un Tour propre à "moyenne de mobylette".
Ecoutons bien les "pros" : ils s’étonnent surtout que Landis ait agi comme s’il avait tout fait pour se faire prendre!
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Si cette pseudo-naiveté vous fait penser à d’autres affaires, prévenez nous…
YE.
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