BREVE DE PENSEE 260306

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Il faut savoir gré à Dominique de Villepin d’avoir proposé une réforme difficile, impopulaire, parce qu’il était convaincu qu’elle pouvait créer des emplois. C’est cependant une bizarrerie inexplicable, pour un homme si aguerri aux arcanes du pouvoir, que de se lancer dans une telle politique sans s’être fait expliquer ce que tout interlocuteur compétent aurait pu lui dire : permettre de licencier un employé pendant deux ans sans motif conduira la plupart des entreprises à ne plus recruter personne autrement et ne créera pas le moindre emploi nouveau.

En agissant ainsi, le gouvernement a pu se croire dans l’air du temps. De fait, partout dans le monde, la précarité se généralise et la mondialisation aligne vers le bas les conditions de vie des travailleurs. Mais la précarité ne crée nulle part des emplois. Seule en crée la croissance, qui ne trouve plus, même dans les pays en développement, sa source dans les bas salaires : pendant que l’Inde concurrence Microsoft, et que la Chine rachète une partie d’IBM, nous en sommes à défendre des champions dans les industries du passé, comme l’énergie ou l’acier, et à dévaloriser notre seule chance pour l’avenir : le savoir des jeunes.

L’essentiel aujourd’hui n’est donc pas de précariser les emplois mais, ce qui suppose généralement l’inverse, de valoriser la compétence des travailleurs et de les mettre en situation de considérer un changement d’emploi comme un progrès et non comme un échec.

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Jacques Attali

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