Deux voix se croisent pour nous dire ce qu’il en est du mal et du banal.
"A l’heure actuelle, mon avis est que le mal n’est jamais "radical", qu’il est seulement extrême, et qu’il ne possède ni profondeur ni dimension démoniaque. Il peut tout envahir et ravager le monde entier précisément parce qu’il se propage comme un champignon. Il "défie la pensée", comme je l’ai dit, parce que la pensée essaie d’atteindre à la profondeur, de toucher aux racines, et du moment qu’elle s’occupe du mal, elle est frustrée parce qu’elle ne trouve rien. C’est là sa "banalité". Seul le bien a de la profondeur et peut être radical."
Hannah Arendt, Correspondances croisée. (A Gershom Sholem). Arendt, Les Origines du totalitarisme… Quarto, Gallimard Paris 2002. Page 1358.
"Au concept arendtien de "banalité du mal", il convient d’ajouter celui de "banalisation du mal", une banalisation qui s’élabore au terme d’un mécanisme mental à l’oeuvre dans toutes les situations de crimes de masse. En 1961, les juges d’Eichmann étaient d’autant moins en mesure de repérer cette notion que tel n’était pas l’objectif du procès. Or, la "banalisation du mal" est au coeur du génocide : c’est par le biais d’une technique psychique défensive très proche de celle de l’organisation du travail, que la barrière de la conscience morale est levée. Devant tout acte criminel, cette barrière tombe d’autant plus facilement – et imperceptiblement – que l’acte est parfaitement intégré dans le cadre – psychologiquement rassurant – d’un travail organisé."
Georges Bensoussan, Auschwitz en héritage. D’un bon usage de la mémoire. Mille et une nuits 2003. Page 139.
Tiens, mais c’est le blog de mon prof de philo !
Toujours aussi intéressant !
(mais la mise à jour laisse à désirer !:P)
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moi ce qui m’intéresserait c’est le lien possible entre banalisation du mal et la quête de la puissance, entre refus de reconnaissance de l’autre (Hegel) et affirmation de soi (Nietszche)
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