Heidegger : un complot nazi dans (et par) la philosophie

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Je reprends le terme de complot aux attendus du procés de Nuremberg. Complot avéré, attesté, prouvé contre la population juive d’Europe, contre les Tziganes, contres les déviants, contre l’humanité. Complot d’une barbarie et d’une  ampleur sans pareille. Le procès, en un sens, fut un procès métonymique. Une partie des comploteurs fut jugée et diversement condamnée pour le tout. Plus tard, à juste titre insatisfait par la formule qui, malgré les considérables avancées que cela a représenté dans le domaine du droit international, a quelque chose d’un « minimum », certains se lancèrent à la poursuite de nazis parfois incroyablement protégés. Il y eut le procès d’Eichmann.

Mais ce complot est loin de relever ou de l’histoire ou de la mémoire. Il est toujours en activité et se reforme dans ce « ventre fécond » dont parlait Brecht. Je soutiens que Heidegger, le « discours Heidegger », est un élément majeur de ce complot en tant qu’il investit la philosophie et entend l’instrumenter.

Les petites phrases dérapantes de Heidegger ne sont nullement des accidents ou des égarements passagers. Elles mettent en perspective l’ensemble du dispositif heideggerien.

J’ai déjà eu l’occasion, sur le blog, de commenter la « petite phrase » de La Dévastation et l’Attente, texte daté et signé du 8 mai 1945, et dont Hadrien France-Lanord et Philippe Arjakovski sont si fiers d’avoir traduit (et d’en avoir sabordé le sens véritable en se bornant de manière dévote à des développements de nature philologique). Il ne me semble toutefois pas inutile de se la remémorer.

Page 26 de l’ouvrage ont trouve donc ceci :

« Cet étouffement, qui plus est, se dérobe derrière quelque chose de captieux, qui se manifeste sous la figure des idéaux soi-disant les plus hauts de l’humanité, à savoir : le progrès, l’accroissement sans frein de la productivité dans tous les domaines de la production, l’offre de travail identique et indifférenciée pour tout un chacun – et par-dessus tout, enfin : le bien-être identique de tous les travailleurs compris comme sécurité sociale uniformisée« .

Toute la rhétorique nazie de Heidegger est contenue dans cette terrifiante déclaration. Prisonniers d’un camp soviétique un  « plus jeune »  et un « plus âgé » dialoguent sur la situation. Et tel est le message que le « plus âgé » transmet au « plus jeune ».

En mai 1945, et alors qu’on découvre l’horreur du système concentrationnaire nazi, le « philosophe » qui écrit que la cause majeur de « l’étouffement » – c’est-à-dire la dévastation – est  « le bien-être identique de tous les travailleurs compris comme sécurité sociale uniformisée«  justifie Auschwitz – il n’y eut pas assez d’extermination et c’est pourquoi « nous » sommes prisonnniers d’un camp « judéo-bolchévique » ( c’est moi qui « traduit ») – et, du même coup, place toute son oeuvre dans la perspective d’un « renouveau » du nazisme.

C’est bien le problème sur lequel devrait travailler l’université – encore faut-il qu’elle le reconnaisse – comment ce programme criminel, si clairement ici énoncé, a-t-il ses relais avec l’ensemble des thèmes heideggeriens?

Heidegger « dévaste » la philosophie. Prôner en effet comme « résistance » à la dévastation – je fais un clin d’oeil à la thèse farfelue d’un Heidegger résistant spirituel au nazisme – la diversité des statuts face à la « sécurité sociale », c’est ouvrir philosophiquement des camps de concentrations et des centres d’extermination.

En ces temps où risquent de se nouer de manière tragique des crises sociales, politiques, environnementales et civilisationnelles majeures, l’apologie heideggerienne de l’inégalité devant la « sécurité sociale » est une sorte de recyclage du nazisme et est d’ores et déjà destinée à rallier une partie des élites occidentales à l’idée monstrueuse qu’une fraction de l’humanité est toujours ou déjà de trop, ou destinée à la servitude, à l’obéissance et à la « continence ».

Au coeur de la philosophie croît en désert ce que l’occident a produit de plus monstrueux et de plus abject. Tel est le dispositif heideggerien.

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Notes (en cours de rédaction)

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1. Le nazisme de Heidegger n’est pas plus « impossible » ou « impensable » que le fait que les inventeurs d’Auschwitz sont réputés appartenir à un « peuple de penseurs et de poètes ». La racialisation de la culture, qu’elle se fasse ouvertement ou par des détours, a déployé avec le nazisme toute la criminalité dont l’aberration pseudo scientifique qu’elle constitue est porteuse. Elle est la théorie du crime d’Etat.

2. Philippe Sollers, à l’instant [le 06/10/06 à 10 heures 05], sur France Culture : « A-t-on encore le droit de parler de Heidegger? » Je réponds : oui, absolument, par exemple en tant que nazi et avec l’intention de mettre à jour le fonctionnement idéologique et politique du « dispositif » heideggerien.

3. L’expression dispositif heideggerien signifie que nous postulons une cohérence entre la philosophie de Heidegger, ses positions politiques, ses « petites phrases »  apparemment exogènes à la « haute pensée ». Beaucoup de lecteurs de Heidegger se sont appropriés des éléments de ce dispositif soit en ignorant, volontairement ou involontairement l’ensemble, soit en initiant sa déconstruction. Mais il y a un projet heideggerien et c’est ce qui incombe de continuer à mettre à jour. La biographie révisionniste de Pascal David, biographie dénoncée par les directeurs de la collection où elle est parue en introduction, est l’indice d’une incroyable résistance de certains « spécialistes » à favoriser les recherches sur la signification du dispositif heideggerien. C’est insulter le lecteur, qu’il soit étudiant, enseignant ou simplement curieux. Il y a un droit de savoir, sacré, qui constitue l’essence même de la philosophie et toute manipulation visant à le restreindre ou en falsifier l’exercice relève d’un esprit sectaire et aux intentions ambigües.

4. Face à la forteresse qui, au nom de la grandeur de pensée, bloque toute approche véritablement contextuelle du « discours heidegger », il est compréhensible que des coups de boutoirs soient parfois donnés. Il faut en effet user, exténuer le jeu qui consiste à opposer frontalement les défenseurs du grand penseur à ceux que ces derniers appellent des calomniateurs. L’exigence philosophique minimale est bien de disposer et des documents et des outils méthodologiques nécessaires pour tâcher de faire apparaître la logique complexe du dispositif nazi heideggerien.

5. L’hypothèse serait notamment que ce dispositif contient, par une instrumentalisation peut-être sans précédent de la philosophie  – et il est vrai que Heidegger oeuvre aussi dans la distance qu’il prend à l’égard de la philosophie – l’armature rhétorique adéquate au cryptage de l’intention idéologique. Le lecteur « philosophe » de Heidegger n’est évidemment pas nazi en ce qu’il peut littéralement admirer tel ou tel aspect de l’oeuvre. Maintenu par les gardiens de la secte dans l’ignorance et la naïveté il contribue cependant au travail même d’occultation et de cryptage. Il est comme enrôlé par un dispositif dont le mode d’emploi nazi n’échappe certainement pas aux « non-dupes ».

6. Le paradoxe est bien que la philosophie constitue le meilleur élément qu’on puisse imaginer pour assurer la « transmission » du crime. Un sur-doué comme Heidegger non seulement n’a pas eu de mal à comprendre tous les bénéfices que le « Reich » pouvait tirer d’être « entreposé » dans un monument philosophique, mais ne pouvait que déployer ses nombreux talents dans le double jeu de « l’effacement » et de la « réinscription », du « retrait » et de « l’apparaître ». Trés tôt, comprenant que la défaite militaire du Reich était programmée, il aura habilement fait ce qu’il fallait, grâce à « l’élément » de la philosophie, pour assurer ce que j’ai appelé la « transmission du crime ».

7. Des commentateurs du phiblogZophe, Pierre Teitgen en son temps, Stéphane Doméracki en d’autres se sont insurgés contre mon interprétation de la petite phrase sur la « sécurité sociale ». On enrôle par exemple Tocqueville pour ramener la question sur le terrain de la standardisation. Mais Heidegger ne critique pas seulement la standardisation des modes de vie et de « penser », il soutient que la cause principale de la dévastation vient du fait que les êtres humains auraient un « statut » uniforme devant la « sécurité sociale ». Ici même on saisit sur le vif comment le « philosophique » se fait complice de l’aveuglement que le dispositif est susceptible de créer vis-à-vis d’un lecteur qui ne désire absolument pas d’être enrôlé d’une manière quelconque du côté du nazisme. Mais une « sécurité sociale » modulée ne peut pourtant n’être que le programme d’un univers concentrationnaire comprenant notamment des centres d’extermination. Car cette « modulation » de la « sécurité sociale » ne peut logiquement que contenir la possibilité d’une destination à l’extermination.

8. Pariant, et on peut le dire maintenant, avec un certain succès sur la philosophie pour assurer le « renouveau » de la « bête immonde », Heidegger n’aura même pas hésité, parfois en truquant l’édition de certains de ses textes, à se fabriquer une auréole de « résistant spirituel » au nazisme. L’absence totale de scrupule, le mépris absolu pour les « philo-sophes », ont guidé Heidegger dans la réalisation de son pari d’une sorte de Reich philosophique pour mille ans. Bien « cons » seront ceux qui désireront voir en moi un « opposant spirituel » au nazisme. Ils ne m’aideront que mieux dans mon entreprise de diffusion d’une forme de néo-nazisme.

9. Il n’y a pas d’autres solutions que de mettre toutes les cartes sur la table et de faire apparaître tous les aspects d’un dispositif nazi très habilement confectionné.

10.

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Commentaires :

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  • « le bien-être identique de tous les travailleurs compris comme sécurité sociale uniformisée »
    Heidegger ne fait que reprendre la juste critique, opérée par Nietzsche, de l’instinct grégaire de l’homme moderne nihiliste. Il critique ainsi les formes perverses de vie-en-communauté, mises sous tutelle par le Gestell , la Machenschaft. Ainsi il reste conséquent, poursuivant sa critique conjointe du communisme, du libéralisme, et du totalitatisme : autant de configurations politiques proprement « nihilistes » (à son sens à lui , cf. le « Nietzsche »). Le problème est lorsque il croit reconnaître en le nazisme une « réponse au défi de la technique ». Mais bon en même temps il aurait fait l’apologie du communisme, on lui aurait bien ressorti quelques charniers et camps staliniens. Il aurait fait l’apologie du libéralisme, des altermondialistes lui auraient crachés au visage parce qu’il cautionnerait l’hégémonie américaine , toute aussi destructrice (bien qu’ayant clairement une « vitrine » idéologique à l’allure plus « saine »).
    Heidegger vivait à une époque où il fallait opérer des choix; là où nous autres pouvons bien rendre compte de nos propensions : tout est déjà joué autour de nous.
    « le bien-être identique de tous les travailleurs compris comme sécurité sociale uniformisée » n’est certes pas le but que doit se proposer la philosophie, elle qui doit bien plutôt s’intéresser à la vérité, notamment de son époque. Et puis, je suis plutôt de l’avis de Max Scheler à ce sujet. L’égalité de principe est injuste pour certains. Elle permet surtout à ceux rongés par le ressentiment de faire valoir des « droits » qu’ils n’ont bien sûr pas. Et je ne parle pas, en l’occurence, du droit de vote. Affirmer une hiérarchie ne signifie pas automatiquement glorifier le Medef, pas plus queles bottes de ces « surhommes » complètement fantoches que furent les SS. C’est juste un peu de bon sens, qui n’est certes pas de bon ton (quoique le communisme a fait son temps) mais n’empêche pas pour autant le lecteur avisé de Heidegger de rester démocrate. Cela s’appelle savoir faire la part des choses. La critique du monde moderne n’implique pas forcément la volonté de faire de vastes massacres. On devrait bien plutôt remercier Nietzsche, Jünger, et Heidegger pour les diagnostics et leurs mises en gardes froides et rigoureuses des dangers qui nous guettent, même sous l’apparence si sympathique qu’aiment à se donner le communisme et le libéralisme. Tous deux roulent pour le Gestell (pour ne pas parler de « plans quinquennaux, de « Cac » et de « Dow Jones »).
    Bref : vos interprétations, bien que partant peut-être d’un bon sentiment (Zorro ça pue quand même pas mal le ressentiment), sont complètement fumeuses, à mon sens. Le simple fait de l’affirmer va probablement encore me valoir de me faire insulter ou mépriser. C’est le risque de la pensée…

  • Je partage tout à fait votre écoeurement, Monsieur, et aussi avec vous et d’autres personnes l’idée qu’il ne convient pas, vraiment pas, et au nom de quel principe, je me le demande, de dissocier ce qui pourrait appartenir à la pensée « pure » du penseur Heidegger des erreurs soi-disant humaines, trop humaines de l’homme. Cette dissociation serait d’autant plus absurde qu’elle fait le jeu de Heidegger, car elle s’accorde, comme vous le montrez, avec sa stratégie qui consiste à couvrir ses sympathies pour le régime national-socialiste par des considérations dites philosophiques (cf le Dasein individuel qui devient le Dasein d’un peuple, l’enracinement historial qui aboutit au rejet de tout ce qui n’est pas strictement allemand, enfin, last but not least, les génocides nazi qui sont mis sur le compte de la métaphysique occidentale (?!) et de la technologie). Vous citez le texte de « La dévastation et l’attente » pour illustrer le sentiment d’écoeurement que ce texte vous inspire, personnellement, je citerai le discours de Brême que je n’arrive vraiment pas à supporter, alors même que j’ai essayé honnêtement de comprendre la lecture « charitable » que certains font de ce texte où Heidegger met au même niveau que l’extermination nazi des Juifs, l’agriculture motorisée et les famines en Chine. « Mein Kampf » date de 1926. Hitler y expose sans fard son projet d’éliminer les Juifs. L’extermination a donc été programmée par le régime auquel Heidegger collaborera. Tenter de travestir ce crime, après la guerre, à un moment où le monde entier connaissait l’ampleur de cette « dévastation », en le mettant sur le compte d’une faute commise par l’Occident depuis Platon, traduit une incapacité radicale à assumer sa propre responsabilité. Conclusion: Heidegger n’a cessé de justifier philosophiquement le régime, et ses dénégations ne sont que des manèges pour tromper ceux qui veulent bien l’être.
    R. Misslin

    Rédigé par : Misslin René | le 07/10/2006 à 14:21 | Répondre | Modifier
  • Bonsoir

    Je voudrais citer ici l’avant-propos de Luc Mercier, le traducteur du livre d’Anders: « Sur la pseudo-concrétude de la philosophie de Heidegger »:

    “Sur la pseudo-concrétude de la philosophie de Heidegger est paru en 1948 dans une revue universitaire américaine de phénoménologie (depuis, cet essai n’a ni été réédité ni traduit). L’auteur, issu d’une famille juive allemande et ancien élève de Heidegger, était alors en exil aux États-Unis.
    Sur la pseudo-concrétude est une critique sans concession de l’ontologie heideggérienne telle qu’elle se présente dans les textes d’avant la Seconde Guerre mondiale, notamment Être et Temps (1927). Dans cet essai, Anders ne s’attaque pas au Heidegger recteur de l’université de Fribourg en 1933-1934, comme on le fait d’habitude ; il n’interprète pas les interventions publiques de Heidegger telles que “ L’auto-affirmation de l’université allemande ” et ne polémique pas sur le degré de compromission du “ Maître ” avec le régime nazi. Il critique Heidegger en interrogeant l’ontologie heideggerienne même.

    La thèse de départ de Sur la pseudo-concrétude est la suivante : Heidegger situe le Dasein, “modalité humaine de l’être”, au-delà de la nature et de la surnature (l’Au-delà). Or, remarque Anders, dans un tel champ, le concret se renverse en pseudo-concret. Il perd tout lien avec l’individuel, le social et l’historique effectifs. Ainsi, l’activité du Dasein, c’est-à-dire devenir soi, être “authentique”, se borne-t-elle à assumer la mort. En fait, cette “activité” est une pure passivité. Mais la primauté de l’être sur l’étant postulée par Heidegger a les conséquences les plus graves pour l’homme en général et l’homme Heidegger en particulier. Elle se traduit par la vacuité morale, l’absence d’épaisseur sociale, l’oubli de la liberté politique, la pulvérisation de l’histoire (et même du temps, remplacé par la temporalité), le rejet de l’Autre… Toutes choses, note Anders au passage, qui faciliteront l’adhésion de Heidegger au national-socialisme.

    En 1930, Walter Benjamin parlait de “démolir Heidegger”. On peut dire que Sur la pseudo-concrétude réalise en grande partie cette tâche que Benjamin n’a pas eu le temps d’accomplir.”

    L.M.

    Je n’ai rien à ajouter à ce texte on ne peut plus clairvoyant sinon que SuZ a été au fond un prêt à porter nihiliste capable d’accueillir philosophiquement le complot nazi. Sous le prétexte complètement sophistique d’un retour à l’être, Heidegger a voulu se donner le beau rôle en théorie pour soutenir en pratique l’étant le plus horrible. Il s’agit en somme d’une rationalisation de pulsions les plus atroces.
    R. Misslin

    Rédigé par : Misslin René | le 07/10/2006 à 21:04 | Répondre | Modifier
  • Théorie? Rationalisation? Pulsions?….?..

  • Permettez-moi, Monsieur Skildy, d’exprimer ici mon sentiment de révolte à la suite de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa: elle nous a rappelé, par son courage, que la démocratie, cela se mérite, qu’elle n’est pas un Ereignis, mais un éternel combat contre notre sauvagerie. Merci Anna
    R. Misslin

    Rédigé par : Misslin René | le 11/10/2006 à 16:43 | Répondre | Modifier
  • en lieu et place de « rationalisations » on peut en effet employer le vocabulaire heideggerien et parler de ces « tonalites fondamentales » dont Heidegger declare que leur production est le but de sa philosophie.
    Mais pourquoi jargonner ?
    Yvon Er.

    Rédigé par : Yvon Er | le 13/10/2006 à 12:29 | Répondre | Modifier
  • PS. La prose de monsieur Domeracki m’aura fait assez rire, pour une fois :
    « Tous deux roulent pour le Gestell »
    « Zorro ça pue quand même pas mal le ressentiment »
    cela va d’ici peu relever du collector…
    YE.

    Rédigé par : Yvon Er | le 13/10/2006 à 12:32 | Répondre | Modifier
  • Bonsoir,

    Un texte qu’il vaut mieux ne pas oublier, les lois de Nuremberg. Elles furent adoptées le 15 Septembre 1935. Mais dès 1933 eurent lieu le premier boycott des commerçants juifs et l’interdiction pour les Juifs d’accéder à certaines professions: administration, magistrature, enseignement, médecine, presse, théâtre, radio et cinéma.

    Les lois de Nuremberg

    Gesetz zum Schutze des deutschen Blutes und der deutschen Ehre, vom 15. September 1935.

    Durchdrungen von der Erkenntnis, dass die Reinheit des deutschen Blutes die Voraussetzung fur den Fortbestand des deutschen Volkes ist, und beseelt von dem unbeugsamen Willen, die deutsche Nation fur alle Zukunft zu sichern, hat der Reichstag einstimmig das folgende Gesetz beschlossen, das hiermit verkündet wird : §1.1. Eheschliessungen zwischen Juden und Staatsangehörigen deutschen oder artverwandten Blutes sind verboten. Trotzdem geschlossene Ehen sind nichtig, auch wenn sie zur Umgehung dièses Gesetzes im Ausiand geschlossen sind. 2. Die Nichtigkeitskiage kann nur der Staatsanwalt erheben. §2. Ausserehelicher Verkehr zwischen Juden und Staatsangehôrigen deutschen oder artverwandten Blutes ist verboten. §3. Juden dürfen weibliche Staatsangehörige deutschen oder artverwandten Blutes unter 45 Jahren nient in ihrem Haushalt beschàftigen. §4.1. Juden ist das Hissen der Reichs-und Nationalflagge und das Zeigen der Reichsfarben verboten. 2. Dagegen ist ihnen das Zeigen der jùdischen Farben gestattet. Die Ausübung dieser Befugnis steht unter staatlichem Schutz. §5.1. Wer dem Verbot des § 1 zuwiderhandeit, wird mit Zuchthaus bestraft. 2. Der Mann, der dem Verbot des § 2 zuwiderhandeit, wird mit Gefängnis oder mit Zuchthaus bestraft. 3. Wer den Bestimmungen der §§ 3 oder 4 zuwiderhandeit, wird mit Gefängnis bis zu einem Jahr und mit Geldstrafe oder mit einer dieser Strafen bestraft.(…) Numberg, den 15. September 1935 Am Reichsparteitag der Freiheit.

    Loi «pour la protection du sang et de l’honneur allemands »

    Certain que la pureté du sang allemand est la condition nécessaire pour assurer la vie du peuple allemand et animé par la volonté inflexible d’assurer l’avenir de la nation allemande, le Reichstag a décidé unanimement la loi promulguée ici : 1. Les mariages entre Juifs et citoyens allemands ou de sang voisin sont interdits. Les mariages consentis malgré cette interdiction n ‘ont pas de valeur, même s’ils ont été conclus à l’étranger pour ne pas tomber sous le coup de la présente loi. 2. Les relations extra-conjugales entre Juifs et citoyens allemands ou de sang voisin sont interdites. (…)
    Cette loi interdit les mariages entre Juifs et non-Juifs en Allemagne. Les relations sexuelles entre Juifs et non-Juifs sont également interdites. Les Juifs sont ainsi mis à part dans la société allemande. Bientôt de sévères amendes, puis de l’emprisonnement dans des camps, ou même parfois la peine de mort seront appliquées à ceux qui ne respectent pas cette interdiction.

    Je ne sais pas ce qu’on peut trouver de « grand » dans un « mouvement » qui a été capable de promulguer des lois aussi démentes. Comprendra qui pourra, moi ça me dépasse.
    R. Misslin

    Rédigé par : Misslin René | le 13/10/2006 à 21:56 | Répondre | Modifier
  • On se crispe uniquement sur les horreurs nazies, comme si depuis 45 tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais, quand même pas: nos braves humanistes déplorent malgré tout quelques problèmes liés à notre époque.

    Et bien Monsieur Er dites nous donc ce qu’ontologiquement sont le Dow Jones, le CAC et la mondialisation du capitalisme déchaîné, Guantanamo, la paupérisation galopante, les catastrophes écologiques, l’agriculture extensive hyper-polluante, le brevetage à venir d’éléments génomiques, l’impérialisme américain et celui chinois qu’on peut déjà préssentir? Et de l’autre côté( pas si loin) l’ »éléctrification + le pouvoir aux bolchéviques » de Lenine et les « plans quinquennaux » Soviétiques? Les goulags? Les Kohlkozes? Les camps des Khmers? La propagande? Cette Corée du Nord? Le cynisme machiavelien d’un Poutine?
    Qui d’autre que Heidegger, Monsieur Er, qui vous permettra à un tel niveau spéculatif d’appréhender les phénomènes destructifs consubstantiels aux idéologies et à la modernité? Je peux bien sûr me tromper! mais dites moi juste ce que peut la philosophie aujourd’hui en face de telles insurrections. Discuter d’éthique? Amender l’irrémédiable? La vérité est que là où du haut de notre bonne conscience de démocrates zélés nous accusons Heidegger d’avoir cautionné le pire du nazisme en en promouvant l’advenue, la plupart des pensées d’aujourd’hui ne font guère autre chose : elles ne font qu’accompagner un processus irrémédiable – oh en poussant certes quelques couinements d’indignation ça et là. Mais pour le reste, « amen » tacite et inavouable au libéralisme hyper-destructeur, saupoudré ça et là d’une dose de « socialisme » par humanisme sincère. Moi même qui milite au ps me reconnaît bien dans cette posture hypocrite — video méliora, proboque, deteriora sequor. Nous savons tous que sous ses belles apparences le réèl que nous cautionnons actuellement (un libéralisme modéré et régulé, une rationnalisme et un cosmpolitique pacifique) cache lui-aussi une épaisse couche d’immondice, certes bien plus présentable que le nazisme qu’a accompagné, commenté et voulu amender Heidegger.

 

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9 commentaires

  1. « le bien-être identique de tous les travailleurs compris comme sécurité sociale uniformisée »
    Heidegger ne fait que reprendre la juste critique, opérée par Nietzsche, de l’instinct grégaire de l’homme moderne nihiliste. Il critique ainsi les formes perverses de vie-en-communauté, mises sous tutelle par le Gestell , la Machenschaft. Ainsi il reste conséquent, poursuivant sa critique conjointe du communisme, du libéralisme, et du totalitatisme : autant de configurations politiques proprement « nihilistes » (à son sens à lui , cf. le « Nietzsche »). Le problème est lorsque il croit reconnaître en le nazisme une « réponse au défi de la technique ». Mais bon en même temps il aurait fait l’apologie du communisme, on lui aurait bien ressorti quelques charniers et camps staliniens. Il aurait fait l’apologie du libéralisme, des altermondialistes lui auraient crachés au visage parce qu’il cautionnerait l’hégémonie américaine , toute aussi destructrice (bien qu’ayant clairement une « vitrine » idéologique à l’allure plus « saine »).
    Heidegger vivait à une époque où il fallait opérer des choix; là où nous autres pouvons bien rendre compte de nos propensions : tout est déjà joué autour de nous.
    « le bien-être identique de tous les travailleurs compris comme sécurité sociale uniformisée » n’est certes pas le but que doit se proposer la philosophie, elle qui doit bien plutôt s’intéresser à la vérité, notamment de son époque. Et puis, je suis plutôt de l’avis de Max Scheler à ce sujet. L’égalité de principe est injuste pour certains. Elle permet surtout à ceux rongés par le ressentiment de faire valoir des « droits » qu’ils n’ont bien sûr pas. Et je ne parle pas, en l’occurence, du droit de vote. Affirmer une hiérarchie ne signifie pas automatiquement glorifier le Medef, pas plus queles bottes de ces « surhommes » complètement fantoches que furent les SS. C’est juste un peu de bon sens, qui n’est certes pas de bon ton (quoique le communisme a fait son temps) mais n’empêche pas pour autant le lecteur avisé de Heidegger de rester démocrate. Cela s’appelle savoir faire la part des choses. La critique du monde moderne n’implique pas forcément la volonté de faire de vastes massacres. On devrait bien plutôt remercier Nietzsche, Jünger, et Heidegger pour les diagnostics et leurs mises en gardes froides et rigoureuses des dangers qui nous guettent, même sous l’apparence si sympathique qu’aiment à se donner le communisme et le libéralisme. Tous deux roulent pour le Gestell (pour ne pas parler de « plans quinquennaux, de « Cac » et de « Dow Jones »).
    Bref : vos interprétations, bien que partant peut-être d’un bon sentiment (Zorro ça pue quand même pas mal le ressentiment), sont complètement fumeuses, à mon sens. Le simple fait de l’affirmer va probablement encore me valoir de me faire insulter ou mépriser. C’est le risque de la pensée…

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  2. Je partage tout à fait votre écoeurement, Monsieur, et aussi avec vous et d’autres personnes l’idée qu’il ne convient pas, vraiment pas, et au nom de quel principe, je me le demande, de dissocier ce qui pourrait appartenir à la pensée « pure » du penseur Heidegger des erreurs soi-disant humaines, trop humaines de l’homme. Cette dissociation serait d’autant plus absurde qu’elle fait le jeu de Heidegger, car elle s’accorde, comme vous le montrez, avec sa stratégie qui consiste à couvrir ses sympathies pour le régime national-socialiste par des considérations dites philosophiques (cf le Dasein individuel qui devient le Dasein d’un peuple, l’enracinement historial qui aboutit au rejet de tout ce qui n’est pas strictement allemand, enfin, last but not least, les génocides nazi qui sont mis sur le compte de la métaphysique occidentale (?!) et de la technologie). Vous citez le texte de « La dévastation et l’attente » pour illustrer le sentiment d’écoeurement que ce texte vous inspire, personnellement, je citerai le discours de Brême que je n’arrive vraiment pas à supporter, alors même que j’ai essayé honnêtement de comprendre la lecture « charitable » que certains font de ce texte où Heidegger met au même niveau que l’extermination nazi des Juifs, l’agriculture motorisée et les famines en Chine. « Mein Kampf » date de 1926. Hitler y expose sans fard son projet d’éliminer les Juifs. L’extermination a donc été programmée par le régime auquel Heidegger collaborera. Tenter de travestir ce crime, après la guerre, à un moment où le monde entier connaissait l’ampleur de cette « dévastation », en le mettant sur le compte d’une faute commise par l’Occident depuis Platon, traduit une incapacité radicale à assumer sa propre responsabilité. Conclusion: Heidegger n’a cessé de justifier philosophiquement le régime, et ses dénégations ne sont que des manèges pour tromper ceux qui veulent bien l’être.
    R. Misslin

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  3. Bonsoir

    Je voudrais citer ici l’avant-propos de Luc Mercier, le traducteur du livre d’Anders: « Sur la pseudo-concrétude de la philosophie de Heidegger »:

    “Sur la pseudo-concrétude de la philosophie de Heidegger est paru en 1948 dans une revue universitaire américaine de phénoménologie (depuis, cet essai n’a ni été réédité ni traduit). L’auteur, issu d’une famille juive allemande et ancien élève de Heidegger, était alors en exil aux États-Unis.
    Sur la pseudo-concrétude est une critique sans concession de l’ontologie heideggérienne telle qu’elle se présente dans les textes d’avant la Seconde Guerre mondiale, notamment Être et Temps (1927). Dans cet essai, Anders ne s’attaque pas au Heidegger recteur de l’université de Fribourg en 1933-1934, comme on le fait d’habitude ; il n’interprète pas les interventions publiques de Heidegger telles que “ L’auto-affirmation de l’université allemande ” et ne polémique pas sur le degré de compromission du “ Maître ” avec le régime nazi. Il critique Heidegger en interrogeant l’ontologie heideggerienne même.

    La thèse de départ de Sur la pseudo-concrétude est la suivante : Heidegger situe le Dasein, “modalité humaine de l’être”, au-delà de la nature et de la surnature (l’Au-delà). Or, remarque Anders, dans un tel champ, le concret se renverse en pseudo-concret. Il perd tout lien avec l’individuel, le social et l’historique effectifs. Ainsi, l’activité du Dasein, c’est-à-dire devenir soi, être “authentique”, se borne-t-elle à assumer la mort. En fait, cette “activité” est une pure passivité. Mais la primauté de l’être sur l’étant postulée par Heidegger a les conséquences les plus graves pour l’homme en général et l’homme Heidegger en particulier. Elle se traduit par la vacuité morale, l’absence d’épaisseur sociale, l’oubli de la liberté politique, la pulvérisation de l’histoire (et même du temps, remplacé par la temporalité), le rejet de l’Autre… Toutes choses, note Anders au passage, qui faciliteront l’adhésion de Heidegger au national-socialisme.

    En 1930, Walter Benjamin parlait de “démolir Heidegger”. On peut dire que Sur la pseudo-concrétude réalise en grande partie cette tâche que Benjamin n’a pas eu le temps d’accomplir.”

    L.M.

    Je n’ai rien à ajouter à ce texte on ne peut plus clairvoyant sinon que SuZ a été au fond un prêt à porter nihiliste capable d’accueillir philosophiquement le complot nazi. Sous le prétexte complètement sophistique d’un retour à l’être, Heidegger a voulu se donner le beau rôle en théorie pour soutenir en pratique l’étant le plus horrible. Il s’agit en somme d’une rationalisation de pulsions les plus atroces.
    R. Misslin

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  4. Permettez-moi, Monsieur Skildy, d’exprimer ici mon sentiment de révolte à la suite de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa: elle nous a rappelé, par son courage, que la démocratie, cela se mérite, qu’elle n’est pas un Ereignis, mais un éternel combat contre notre sauvagerie. Merci Anna
    R. Misslin

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  5. en lieu et place de « rationalisations » on peut en effet employer le vocabulaire heideggerien et parler de ces « tonalites fondamentales » dont Heidegger declare que leur production est le but de sa philosophie.
    Mais pourquoi jargonner ?
    Yvon Er.

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  6. PS. La prose de monsieur Domeracki m’aura fait assez rire, pour une fois :
    « Tous deux roulent pour le Gestell »
    « Zorro ça pue quand même pas mal le ressentiment »
    cela va d’ici peu relever du collector…
    YE.

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  7. Bonsoir,

    Un texte qu’il vaut mieux ne pas oublier, les lois de Nuremberg. Elles furent adoptées le 15 Septembre 1935. Mais dès 1933 eurent lieu le premier boycott des commerçants juifs et l’interdiction pour les Juifs d’accéder à certaines professions: administration, magistrature, enseignement, médecine, presse, théâtre, radio et cinéma.

    Les lois de Nuremberg

    Gesetz zum Schutze des deutschen Blutes und der deutschen Ehre, vom 15. September 1935.

    Durchdrungen von der Erkenntnis, dass die Reinheit des deutschen Blutes die Voraussetzung fur den Fortbestand des deutschen Volkes ist, und beseelt von dem unbeugsamen Willen, die deutsche Nation fur alle Zukunft zu sichern, hat der Reichstag einstimmig das folgende Gesetz beschlossen, das hiermit verkündet wird : §1.1. Eheschliessungen zwischen Juden und Staatsangehörigen deutschen oder artverwandten Blutes sind verboten. Trotzdem geschlossene Ehen sind nichtig, auch wenn sie zur Umgehung dièses Gesetzes im Ausiand geschlossen sind. 2. Die Nichtigkeitskiage kann nur der Staatsanwalt erheben. §2. Ausserehelicher Verkehr zwischen Juden und Staatsangehôrigen deutschen oder artverwandten Blutes ist verboten. §3. Juden dürfen weibliche Staatsangehörige deutschen oder artverwandten Blutes unter 45 Jahren nient in ihrem Haushalt beschàftigen. §4.1. Juden ist das Hissen der Reichs-und Nationalflagge und das Zeigen der Reichsfarben verboten. 2. Dagegen ist ihnen das Zeigen der jùdischen Farben gestattet. Die Ausübung dieser Befugnis steht unter staatlichem Schutz. §5.1. Wer dem Verbot des § 1 zuwiderhandeit, wird mit Zuchthaus bestraft. 2. Der Mann, der dem Verbot des § 2 zuwiderhandeit, wird mit Gefängnis oder mit Zuchthaus bestraft. 3. Wer den Bestimmungen der §§ 3 oder 4 zuwiderhandeit, wird mit Gefängnis bis zu einem Jahr und mit Geldstrafe oder mit einer dieser Strafen bestraft.(…) Numberg, den 15. September 1935 Am Reichsparteitag der Freiheit.

    Loi «pour la protection du sang et de l’honneur allemands »

    Certain que la pureté du sang allemand est la condition nécessaire pour assurer la vie du peuple allemand et animé par la volonté inflexible d’assurer l’avenir de la nation allemande, le Reichstag a décidé unanimement la loi promulguée ici : 1. Les mariages entre Juifs et citoyens allemands ou de sang voisin sont interdits. Les mariages consentis malgré cette interdiction n ‘ont pas de valeur, même s’ils ont été conclus à l’étranger pour ne pas tomber sous le coup de la présente loi. 2. Les relations extra-conjugales entre Juifs et citoyens allemands ou de sang voisin sont interdites. (…)
    Cette loi interdit les mariages entre Juifs et non-Juifs en Allemagne. Les relations sexuelles entre Juifs et non-Juifs sont également interdites. Les Juifs sont ainsi mis à part dans la société allemande. Bientôt de sévères amendes, puis de l’emprisonnement dans des camps, ou même parfois la peine de mort seront appliquées à ceux qui ne respectent pas cette interdiction.

    Je ne sais pas ce qu’on peut trouver de « grand » dans un « mouvement » qui a été capable de promulguer des lois aussi démentes. Comprendra qui pourra, moi ça me dépasse.
    R. Misslin

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  8. On se crispe uniquement sur les horreurs nazies, comme si depuis 45 tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais, quand même pas: nos braves humanistes déplorent malgré tout quelques problèmes liés à notre époque.

    Et bien Monsieur Er dites nous donc ce qu’ontologiquement sont le Dow Jones, le CAC et la mondialisation du capitalisme déchaîné, Guantanamo, la paupérisation galopante, les catastrophes écologiques, l’agriculture extensive hyper-polluante, le brevetage à venir d’éléments génomiques, l’impérialisme américain et celui chinois qu’on peut déjà préssentir? Et de l’autre côté( pas si loin) l' »éléctrification + le pouvoir aux bolchéviques » de Lenine et les « plans quinquennaux » Soviétiques? Les goulags? Les Kohlkozes? Les camps des Khmers? La propagande? Cette Corée du Nord? Le cynisme machiavelien d’un Poutine?
    Qui d’autre que Heidegger, Monsieur Er, qui vous permettra à un tel niveau spéculatif d’appréhender les phénomènes destructifs consubstantiels aux idéologies et à la modernité? Je peux bien sûr me tromper! mais dites moi juste ce que peut la philosophie aujourd’hui en face de telles insurrections. Discuter d’éthique? Amender l’irrémédiable? La vérité est que là où du haut de notre bonne conscience de démocrates zélés nous accusons Heidegger d’avoir cautionné le pire du nazisme en en promouvant l’advenue, la plupart des pensées d’aujourd’hui ne font guère autre chose : elles ne font qu’accompagner un processus irrémédiable – oh en poussant certes quelques couinements d’indignation ça et là. Mais pour le reste, « amen » tacite et inavouable au libéralisme hyper-destructeur, saupoudré ça et là d’une dose de « socialisme » par humanisme sincère. Moi même qui milite au ps me reconnaît bien dans cette posture hypocrite — video méliora, proboque, deteriora sequor. Nous savons tous que sous ses belles apparences le réèl que nous cautionnons actuellement (un libéralisme modéré et régulé, une rationnalisme et un cosmpolitique pacifique) cache lui-aussi une épaisse couche d’immondice, certes bien plus présentable que le nazisme qu’a accompagné, commenté et voulu amender Heidegger.

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